L’éducation pour l’environnement : un levier formidable

Au cours de mon stage de fin d’études sur un projet éducatif d’étude de l’atmosphère, je me suis posé énormément de questions sur l’éducation en générale et sur l’apport que peut amener le domaine du spatial à l’éducation. Je me suis permis de demander à ma maître de stage, Danielle De Staerke du CNES, si je pouvais faire des recherches un peu plus ‘sociologiques’ de la question afin de mieux recentrer les besoins pour le projet. Cette recherche que j’ai intitulé « Follow your earth » m’a été d’une aide formidable. L’interdisciplinarité est essentielle afin d’unir la diversité dans une direction commune !

Les bords de la Garonne

[Voir la vidéo liée à cette synthèse avec les interview de Yann Arthus-Bertrand & Jean-Louis Étienne]

1.         Introduction

« Prendre du recul, de la distance, de la hauteur : quelle pratique, quelle sagesse humaine peut prétendre ignorer ce conseil ? »

– Jacques Arnould, chargé d’éthique au CNES

Pas à pas, la protection de l’environnement est arrivée dans les mœurs et a permis la germination d’une conscience environnementale dans les esprits. Le traitement infligé à l’environnement a maintenant des conséquences morales directes sur l’individu, faisant naître un sentiment de responsabilité envers son environnement. Cependant, le sentiment de culpabilité ou de responsabilité n’engage pas forcément l’individu dans l’action, il est aisé de dire, et autre chose de faire. Ainsi, comment aller au-delà de la conscience environnementale vers la prise de position en faveur de l’environnement ? Des enquêtes montrent que les humains sentent un désengagement plus global à l’égard des liens d’appartenance, de respect et de solidarité :

« On le reconnait : la crise de l’environnement est tributaire d’une crise globale des valeurs »

– L. Sauvé, 2011

Comment redonner l’envie d’agir pour la planète et impliquer les individus dans une démarche environnementale sans être empreint d’une culpabilité trop forte ? Le texte ci-dessous vous propose le résumé d’un voyage sur l’éducation relative à l’environnement à l’aide du spatial.

2.       Repenser l’éducation

Les problèmes environnementaux actuels ont une grande dimension politique. Les crises environnementales coûtent énormément, pour l’économie du pays, sa stabilité, sa sécurité et surtout sa santé. En quelques décennies, pratiquement tous les pays se sont dotés d’un ministère de l’environnement et une diplomatie environnementale mondiale s’est mise en place afin de faire face à une planète en pleine transformation. L’apparition de consensus internationaux en faveur de la terre sont maintenant annualisés (COP 21 etc.). Au-delà des frontières politiques, la crise environnementale du XXIe atteint une dimension globale qui à court ou moyen terme, affectera l’ensemble des pays.

2.1.        Les paradoxes : un frein pour le développement ?

« Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »

— Kenneth E.

La logique actuelle de croissance et de rentabilité économique couplée avec le développement durable semble antinomique (libéralisation commerciale et protection de l’environnement). Comment l’OMC peut-il être en charge de deux sujets qui semblent s’opposer ?

« Il n’en reste pas moins que le discours de l’avenir viable demeure centré sur la notion de développement durable qui se nourrit à la fois des avertissements des défenseurs de l’environnement et des arguments des économistes en faveur du développement»

– UNESCO, 1997

Le plus souvent, les problèmes environnementaux sont des problèmes de répartition inégale des ressources et des bénéfices, l’environnement est alors uniquement vue comme une denrée économique. Comment sensibiliser à la déforestation en faisant consommer aux citoyens des produits issus de cette dernière ?

Tant que la croissance, dans sa forme moderne, sera la valeur comparative des états, il semble compliqué d’envisager des actions utiles pour la protection de l’environnement. Dans les mœurs actuelles, la notion de puissance suppose un rapport de domination. Si ce rapport persiste, la crise environnementale ne pourra pas être résolue et continuera à rester une menace pour toutes les ‘puissances’. Par ailleurs, même si par intérêt ou par un manque d’éducation, une partie de la population feindra de ne rien voir, la majorité de la planète a déjà conscience de l’ampleur de la situation. La crise environnementale impose donc par elle-même de revoir le concept de puissance pour entrer dans une nouvelle ère : celle du partage et de la collectivité afin d’harmoniser notre planète.

« Pour être soutenable, la puissance devra dorénavant être partagée. »

– UNESCO, 2016

L’environnement doit dorénavant atteindre une autre place dans la société: celle qui héberge les systèmes naturels et le développement économique des sociétés à condition que les buts de la société soit utiles, de justice sociale et issues de processus démocratiques.

2.2.        Les apports d’une nouvelle approche

L’enjeu d’un consensus international est considérable : remettre des fondations stables et pérennes pour l’éducation contemporaine.

De façon générale l’ère industrielle que nous connaissons s’attache aux promesses de la technologie et à l’explosion du savoir scientifique et l’entreprise n’a de limite que le respect de la liberté de l’autre, l’éthique moderne est complétement anthropocentriste.

« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre »

– A. Einstein

En repensant l’organisation de l’éducation, c’est la notion même de démocratie qui est repensé : cette nouvelle approche incite à une participation directe pour la transformation des réalités sociales locales qui posent problème. Des projets comme celui de ‘Air Rhône-Alpes’ n’attendent pas de changements de la part des autres, ils préfèrent le créer. En cartographiant toutes les initiatives locales de solution pour améliorer la qualité de l’air, ils permettent l’accès à des solutions profitables à tous et reproductibles par tous comme l’autostop simplifiée de la région de la vallée de l’Arve ou les restrictions sur les transports routiers.

Cependant, les besoins sont différents en fonction des lieux, on pourrait se demander comment imposer aux populations africaines la même éducation qu’en Amérique sur le développement durable, alors que certains doivent déjà lutter pour la survie au quotidien ?

Nous appellerons postmoderne, l’éducation s’adaptant aux défis du siècle et englobant une vision plus large que la rentabilité industrielle. Cette éducation ‘postmoderne’ vise à appréhender des problèmes de façons plus concrètes et plus signifiantes avec une approche centrée sur les besoins du milieu. L’éducateur s’adresse au cerveau, à la main, au cœur et à l’esprit. La main est là pour dire comme il est essentiel de prendre en compte le corps et combien est importante l’expérience dans les apprentissages. Je fais et j’apprends. Le cœur est en lien avec la sphère affective déterminante à l’heure de nos orientations, le cerveau pour la compréhension rationnelle et site de la connaissance, l’esprit pour le sens de la vie et nos intuitions profondes. Ainsi savoir, savoir-faire, savoir être et savoir devenir sont impliqués.

« Beaucoup d’éducateurs ne retiennent du développement durable que l’espoir d’un changement socio-environnemental, et pour eux, le discours officiel n’a que peu d’importance. »

2.3.        Une éducation libératrice, des élèves qui s’élèvent

La pédagogie ‘postmoderne’ fait appel à l’interdisciplinarité, à l’apprentissage coopératif, à la démarche de résolution de problèmes, à la pédagogie de projets (en particulier des projets d’action), à l’ouverture de l’école sur le milieu (pédagogie de terrain), au partenariat avec la communauté environnante. En trouvant un projet signifiant pour l’ensemble des membres, toutes les compétences individuelles peuvent être partagées afin de répondre à une question commune dans un processus d’entraide.

D’une façon plus large, l’éducation ‘postmoderne’ vise à stimuler la réflexion critique des discours et pratiques sociales afin de « révéler les contradictions, les ruptures, les paradoxes et à débusquer les jeux de pouvoir et les intérêts cachés qui contraignent les libertés et entretiennent les inégalités. ». On peut par exemple citer « La voix des jeunes (voices of youth) » ayant pour but de mettre en relation et de permettre à tous d’écrire et de s’exprimer par le biais d’articles, de vidéos ou de tout autre support sur des sujets environnementaux diverses et variés.

L’esprit critique se développant au cours de projets participatifs, les nouveaux élèves s’élèvent et prennent le contrôle de leurs conditions et de leurs modes de vie afin d’être proactifs et de construire le futur qu’ils auront choisi. Le pourquoi des choses, les valeurs et les intérêts cachés sont les éléments essentiels pour une compréhension en profondeur. En s’évertuant à comprendre la profonde crise de motivation (sentiment d’impuissance, perte de signification) identifiée par Habermas (1975), cette nouvelle approche veut faire face à un problème majeur de notre société et inciter à transformer les réalités entravant le développement et la qualité de vie des individus et des groupes sociaux.

On remarquera que dans les associations et même petit à petit à l’éducation nationale, les professeurs ne sont plus des autorités supérieures déversant des connaissances mais se placent comme des guides orientant les élèves sur un principe de partenariat, dans un but d’apprentissage autonome et proactif mettant en avant l’engagement personnel, la créativité, la responsabilité et l’autonomie. C’est par exemple le cas des Savanturiers, l’école de la recherche du Centre de Recherche Interdisciplinaires, qui par le biais de différents supports pédagogiques comme des MOOCs s’appuie sur les méthodes et enjeux de la recherche pour construire des apprentissages rigoureux et productifs :

« L’apprentissage devrait favoriser une réflexion relationnelle, intégratrice, empathique, anticipatrice et systémique. Les écoles devraient devenir des espaces exemplaires respirant la durabilité – des lieux inclusifs, démocratiques, sains, neutres en carbone, qui posent les fondations nécessaires à  la réalisation des ODD (objectifs développement durable). »

– Rapport de l’UNESCO, 2016

Ainsi cette nouvelle éducation ne vise pas à créer des humains profitables économiquement mais à libérer les aliénations et émanciper les personnes et les groupes sociaux. Finalement, l’éducation ‘postmoderne’ est une quête de sens, une recherche des valeurs et de signification globale, d’une trajectoire humaine et commune qui en vaille la peine.

3.       L’éducation pour l’environnement au cœur du changement

Est-ce qu’il faut changer l’éducation pour emmener l’environnement au cœur du débat ? Ou est ce qu’il faut amener l’environnement au cœur du débat pour changer l’éducation ?

Le lien entre l’augmentation du CO2 et de la température peut être pris en guise d’exemple : grâce aux rétroactions, les deux évoluent mutuellement.

3.1.        L’humanisation de l’éducation : un autre degré de responsabilité

Chez l’enfant, le cœur est pur et la soif d’apprendre ardente, dans une logique de prendre le problème à sa source pour éviter de le combattre, l’éducation semble donc être le principal levier d’action. Jusqu’ici, les pratiques éducatives relatives à l’environnement sont de nature non participatives (théories et mesures), cette situation est peut-être due au peu d’engagement des adultes : la peur, les valeurs, les priorités des adultes sont alors mises de l’avant comme explications. Comment donner envie de s’intéresser et de participer à la protection de l’environnement ?

Comme vu précédemment, l’éducation pour le développement durable ‘postmoderne’ incite à l’implication pour l’apprentissage. Cependant l’implication des individus demande un fort degré de responsabilité qui peut avoir des niveaux différents.

« Tu me dis j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends. »

– B. Franklin

Pour ancrer le développement durable d’une façon pérenne et forte il convient de faire la différence dans la conception de la responsabilité des individus :

  • Celle de la conception étroite : la prudence, le respect et l’application de règles dans une perspective légaliste, on l’appelle également « responsabilité de surface », qui est aujourd’hui celle généralement perçue dans le monde moderne et qui a une visée individualiste et anthropocentriste.
  • Celle de la conception profonde ou « responsabilité intégrale » qui vise à faire l’union entre le sujet et l’objet, entre l’homme et la nature (une solidarité indissociable), entre l’être et l’agir (l’authenticité), et entre les lieux et les cultures où s’exerce cette responsabilité (cohérence).

La deuxième conception, qui comme vous l’avez compris est celle à laquelle nous nous attachons dans ce rapport, aide à mettre en lumière les liens étroits entre responsabilité, conscience, lucidité, réflexivité, liberté, autonomie, authenticité, engagement, courage, solidarité, sollicitude (Sauvé, 1998).

Les vrais problèmes locaux (envisagés dans une perspective globale) sont les sujets principaux de l’éducation pour l’environnement : à travers ceux-ci, les élèves développent une pensée critique, des habiletés de résolution de problèmes à travers une variété d’expériences d’apprentissage de type pratique et interdisciplinaire et impliquent l’étude d’un grand éventail de sources et de types d’informations. L’Air et moi en est un bon exemple : en sensibilisant les élèves dès leur plus jeunes âges de façon ludique, une génération a le temps de digérer les informations et mettre des actions en place lorsqu’ils atteignent l’âge adulte.

Ainsi, nous pouvons voir que l’implication des élèves peut emmener à développer une « responsabilité intégrale », indispensable à la formation d’individus réfléchis, critiques et soucieux de leur environnement. Les études menées montrent que l’ERE est une question d’engagement vers l’action cependant la recherche de solutions peut aller jusqu’à remettre en question les fondements de la société et il s’agit là d’un défi d’envergure.

3.2.        Un projet de société

Si l’on regarde l’organisation des forêts ou l’organisation de la vie dans sa généralité, on pourrait se demander : La diversité  ne  favorise-t-elle  pas  la  richesse  et  l’équilibre  d’un  système ?

Comment comprendre la question du climat sans la physique, la chimie, la géographie, l’histoire, la biologie,  la géologie… ? La transdisciplinarité implique, pour sa part, le passage d’une discipline à l’autre, pour les entrecroiser et les dépasser. Le recours à la transdisciplinarité s’impose en raison des changements auxquels notre monde est confronté.

« La plus grande illusion de l’homme est celle de la séparation. »

Éduquer c’est donner la possibilité de faire émerger chez quelqu’un l’intelligence, les valeurs et les comportements qui contribueront au bien commun. C’est aussi créer un climat permettant de vivre et agir ensemble tout en favorisant le développement d’un sujet libre et pleinement responsable. L’éducation, couplée à la recherche, développe l’esprit critique des élèves ainsi que leur volonté d’explorer l’inconnu et de travailler en coopération. Cette approche veut permettre la réussite et l’épanouissement de tous les élèves, libérer le potentiel de tous les acteurs de l’éducation, repousser les frontières des connaissances, participer au progrès social. Cette approche de l’éducation veut ouvrir les écoles aux lieux de production des savoirs (laboratoires, universités, départements de R&D, incubateur …), développer le goût de l’exploration et de l’investigation en transformant la classe en petit laboratoire et les élèves en apprentis-chercheurs, découvrir la diversité des stratégies d’apprentissage : le jeu, les projets, l’expérimentation, la production, l’enseignement par les pairs, la pluridisciplinarité, les tâches complexes, l’évaluation positive… En s’impliquant, les élèves s’actualisent eux-mêmes et construisent leur propre projet de société. Des projets simples tels que la carte du monde d’aqicn qui recense toutes les données de mesures atmosphériques mondiales en temps réel contribuent à l’implication des individus et à la transparence des informations sur la qualité de l’air, indispensable pour développer une conscience environnementale forte. Des ouvertures diverses, telles que celles aux cultures amérindiennes ou orientales (souvent plus soucieux de l’harmonie avec la nature) peuvent être inclues dans l’éducation ‘postmoderne’ :

«Nous avons une autre approche du temps qui n ‘est pas projeté uniquement dans l’avenir, mais qui prend racine dans le passé et est axée sur le présent, où peut se réaliser, ici et maintenant, l’unité des êtres et des choses, en harmonie »

– Andrei Zeromski, 1997

L’éducation ‘postmoderne’ invite donc à revoir les fondations modernes qui ont généré la crise environnementale actuelle et amène à repenser et à recréer un monde sur  de nouvelles fondations plus équitables où les terriens, de par leur éducation, ont leurs mots à dire. L’éducation doit ainsi favoriser l’aptitude naturelle de l’esprit à se poser des questions, laisser s’exercer librement la curiosité de l’enfant, de l’adolescent, la stimuler alors que trop souvent l’éducation traditionnelle l’éteint. Elle doit amener les élèves à se référer au complexe, au contexte, de façon multidimensionnelle et dans une conception globale. Le spatial pourrait aider à redonner cette vision globale aux élèves ?

4.         Le rôle du spatial

Thomas Pesquet en questions/réponses avec les enfants

« L’espace parce qu’il offre ce point de vue de Sirius, ne peut manquer d’intéresser ceux et celles qui se soucient de développement durable, mieux encore de penser globalement et d’agir localement »

– Jacques Arnould, chargé d’éthique au CNES

En cartographiant l’ensemble de la planète et en fournissant des données en continue, les satellites permettent d’observer des phénomènes locaux dans une échelle globale. L’interaction entre les humains et l’environnement a ainsi été mis au grand jour, on peut se rappeler de la première image de la terre vue de l’espace validant la sphéricité de la terre ou bien des problèmes plus récents comme l’impact de la déforestation par images satellites. Ces images globales permettent ainsi de se resituer dans l’espace et de voir directement l’influence de l’homme sur son environnement. De la même manière que les jeux d’orientations enseignent à se situer dans l’espace, les images satellites permettent de développer une plus grande abstraction sur un phénomène local pour pouvoir l’appréhender de façon globale : un esprit critique se forme grâce aux différentes échelles proposées pour aborder un même sujet.

Le spatial aide donc à faire sens sur des données théoriques ou des données locales que l’on a parfois du mal à valider scientifiquement ou à s’imaginer d’un point de vue extérieur. Dans un deuxième temps, les individus utilisant le domaine du spatial n’ont pas une vision politique mais bien une vision géographique où la subjectivité n’a que peu de place. Les seules frontières restantes sont celles que l’on pourra analyser scientifiquement, comme par exemple une chaine de montagne arrêtant un nuage de cendres. Les individus formés à l’éducation pour l’environnement à l’aide du spatial pourront ainsi avoir les capacités d’être de meilleurs décideurs grâce à une vision globale de l’environnement perçu comme l’ensemble des relations interdépendantes entre les systèmes naturels et sociaux.

« Les Satellites Spot ont permis aux Terriens d’embrasser leur planète d’un regarde neuf. Plus large, plus libre, plus responsable aussi. »

Jacques Arnould, chargé d’éthique au CNES

La mondialisation, souvent citée péjorativement, peut vêtir un aspect plus sympathique : celui de l’abolition des frontières dans la conscience collective. On peut penser aux courants atmosphériques pour comprendre les voyages de la pollution bien loin des frontières politiques que nous connaissons.  Les élèves du collège de Rabastens ont par exemple grâce au projet Calisph’Air, pu remarquer que la pollution de l’air mesurée chez eux venait d’un gisement de pétrole en Alaska. Cette approche globale a permis ainsi d’élargir l’esprit des élèves pour les placer non plus en défenseur de leurs frontières mais au contraire, en citoyen du monde. Les satellites permettent ainsi de s’affranchir des frontières politiques et comprendre l’interdépendance de l’équilibre de la planète.

Le projet Calisph’Air dirigé par Danielle de Staerke vise à étudier l’atmosphère localement et croiser les résultats avec des données satellites. En ayant cette vision globale de l’environnement, les élèves sont sensibilisés aux relations interdépendantes entre les systèmes naturels et sociaux. De plus, des outils sont mis en place pour faire des études dans le temps et étudier des problématiques environnementales passées, actuelles et futures. Dans un dernier temps, et depuis peu, le projet étudie les causes et les effets des problèmes environnementaux et incite à proposer des solutions alternatives à travers l’analyse des relations entre idéologie, économie et technologie.

L’observation spatiale constitue une révolution dans la méthode expérimentale. C’est un réel bouleversement pour l’expérimentateur qui s’éloigne de son objet d’étude et l’entrevoit d’une manière globale et synthétique. L’espace est ici un moyen de connaissance de notre monde et des problèmes actuels, concernant l’habitabilité de notre Terre et l’avenir de l’humanité. L’outil spatial effectue des observations et des mesures que chacun peut relier à une expérience directe : des exemples simples, accessibles même dans une cour d’école, peuvent faire comprendre ce que voit le satellite. Ces activités permettent une approche rationnelle et quantifiée de la problématique de l’environnement terrestre et de son atmosphère. Cette approche s’oppose à l’esprit de conquête et de compétition entre puissances et propose une nouvelle vision : celle d’une terre unifiée.

5.         En définitive

Le rapport de l’UNESCO sur l’éducation pour l’environnement démontre avec autorité que l’éducation est l’élément le plus important au développement durable dans toutes ses dimensions.

« Si nous laissons la génération montante privée d’une éducation adéquate, nous les condamnons et nous condamnons le monde à la pauvreté, aux désastres environnementaux, voire à la violence sociale et à l’instabilité pour les décennies à venir […] Le message que nous délivre ce rapport est que nous devons agir ensemble pour accélérer les progrès de l’éducation comme jamais auparavant. »

UNESCO 2016

En définitive, comme nous l’avons vu dans notre étude, si nous voulons créer des avenirs durables pour tous, il nous faut absolument engager une transformation en profondeur. Cette transformation doit passer par toutes les disciplines pour former des scientifiques en faveur de l’environnement mais surtout des citoyens critiques, conscients et bienveillants envers leur planète. L’avènement du spatial et l’explosion des technologies, notamment en télécommunications, peuvent être utilisées à bon escient pour permettre aux élèves de s’élever et de prendre part à la création d’un monde plus juste, équitable et où il fait bon vivre. Les paradigmes actuels de la croissance et du développement durable empêchent les pays émergents de s’émanciper via l’éducation. Il est donc nécessaire d’enclencher un nouveau système planétaire pour que la nature reprenne la place qui lui est due. En actualisant toute l’éducation, c’est tout un monde qui s’actualise : en humanisant l’éducation, c’est un nouveau projet de société qui se dessine, pas à pas.

Cette philosophie relève-t-elle de l’utopie ?

Oui, dans le sens où elle se réfère à des valeurs peu utilisées dans le monde politique et moderne : prise en compte du long terme, responsabilité, solidarité, transparence…

Non, parce qu’un nombre croissant d’établissements scolaires s’y engagent avec succès au Nord comme au Sud avec des démarches révélatrices de la montée en puissance d’une démocratie participative. Cette philosophie va s’avérer indispensable dans un moyen terme vu l’instabilité de la planète sur les questions environnementales et sociales.

Pour parvenir à de tels changements, personne n’est mieux placée que la société civile pour porter un regard critique, proposer une stratégie de changement et activer ce changement.

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde »

– Nelson Mandela

Ainsi, le spatial s’inscrit comme une révolution dans l’éducation à l’environnement de par cette vision globale de la terre. En inscrivant des mesures dans le temps et dans l’espace, l’éducation grâce aux satellites permet une approche historique et spatiale des problématiques environnementales actuelles et futures, essentielle aux prises de décision d’aujourd’hui qui dicteront l’avenir de demain.

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